Rebecca Jinks, directrice des questions ESG et du développement durable chez Taronga Ventures, a interviewé Alex Mclean, PDG et cofondateur d’Alvéole, pour connaître son point de vue sur la biodiversité et la nature dans l’environnement bâti et sur les manières dont les villes peuvent faire partie de la solution.


  • La discussion porte sur les sujets suivants :

    • L’histoire d’Alvéole
    • Les occasions pour le secteur de l’immobilier commercial de soutenir la biodiversité urbaine
    • Les avantages environnementaux et sociaux de l’introduction de la nature dans les villes
    • Les certifications de construction écologique
    • La mesure des effets sur la biodiversité et la façon d’en rendre compte

Regardez l’entrevue complète ici ou lisez la suite pour en connaître les faits saillants


Video: promoting biodiversity in the built environment

  • REBECCA JINKS : QUE FAIT ALVÉOLE?

    Alex Mclean : Nous mettons en place des solutions axées sur la nature dans les bâtiments. Les ruches sont notre produit de base, mais nous avons ajouté à notre offre les hôtels pour abeilles et les petites fermes sur les toits.

    J’ai eu la piqûre dès mon jeune âge, en travaillant pour mon oncle qui est apiculteur en milieu rural. Il y a 10 ans, mes deux cofondateurs et moi-même avons créé Alvéole en vue d’apporter plus de nature dans les villes. C’était quelque chose qui, selon nous, faisait défaut, et nous avions envie de transformer les toits inutilisés des villes.

    Nous nous sommes associés à de nombreux acteurs du secteur de l’immobilier pour utiliser leurs actifs afin de mener à bien notre projet. Nous avons installé des ruches dans plus de 3 000 bâtiments à ce jour. Nous travaillons dans six pays différents, avec plus de 600 des plus grands acteurs du secteur de l’immobilier dans le monde.

  • R. J. : VOUS AVEZ RÉCEMMENT PARTICIPÉ À LA CONFÉRENCE SUR LA BIODIVERSITÉ (LA COP15) À MONTRÉAL. QU’EST-CE QUI EN EST RESSORTI?

    A. M. : L’une des choses que cette conférence a mises en lumière, c’est la nécessité de comprendre que pour lutter contre les changements climatiques, nous devons tenir compte à la fois des émissions de gaz à effet et de la biodiversité. Ces deux éléments sont indissociables. Parmi les objectifs importants qui ont été définis, on peut citer la réflexion sur la biodiversité dans les villes et sur ce que celles-ci peuvent faire pour l’appuyer, ainsi que l’étude des façons dont les entreprises peuvent la mesurer et en rendre compte. Beaucoup d’objectifs très importants pour 2030 sont mis en action.

    R. J. : QUEL EST LE LIEN ENTRE L’ENVIRONNEMENT B TI ET LA BIODIVERSITÉ DANS LA NATURE?

    A. M. : Il se passe actuellement des choses très intéressantes dans le secteur de l’immobilier. Les propriétaires et les occupants pensent à l’impact qu’ils ont en dehors de leur bâtiment. Les programmes de biodiversité et les solutions axées sur la nature qui sont mis en œuvre dans les bâtiments peuvent avoir des retombées environnementales, sociales et communautaires.

    R. J. : COMMENT LES PROFESSIONNELS ET LES PARTIES PRENANTES DU SECTEUR DE L’IMMOBILIER COMMERCIAL PEUVENT-ILS METTRE LA BIODIVERSITÉ AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE L’ATTEINTE DE LEURS CIBLES ENVIRONNEMENTALES?

    A. M. : L’une des principales causes de la perte de biodiversité est le changement d’affectation des terres. On peut penser entre autres à l’agriculture à grande échelle, mais aussi au développement urbain et à l’environnement bâti. L’importance que les propriétaires de bâtiments doivent accorder à la biodiversité va donc de soi.

    Notre façon de nous attaquer à cet enjeu consiste à apporter plus de nature dans les bâtiments. Il y a beaucoup d’études qui en expliquent les avantages. Nous travaillons avec les propriétaires de bâtiments en ce sens afin de favoriser l’atteinte d’objectifs ESG en lien avec l’environnement, la société et la communauté.


  • R. J. : J’ENTENDS DE PLUS EN PLUS DE CONVERSATIONS SUR LES FAÇONS DONT LA BIODIVERSITÉ ET PLUS PARTICULIÈREMENT LES ABEILLES PEUVENT CONTRIBUER À L’EXPÉRIENCE SOCIALE DES LOCATAIRES. POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS À CE SUJET?

    A. M. : Nous aménageons des ruches, d’autres habitats pour les abeilles et des jardins à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. En gros, nous apportons la nature dans les zones qui en sont généralement dépourvues. Sur le plan social, des études indiquent que le contact quotidien avec la nature sur le lieu de travail peut augmenter le bien-être de 15 %. Les effets positifs de la nature sur la créativité et la productivité ont également été démontrés. La nature a un impact social très important sur les êtres humains.

    Les propriétaires de bâtiments ont des objectifs d’engagement et de rétention des locataires. On ne pense pas nécessairement à la nature comme un facteur qui peut aider à l’atteinte de ces objectifs, et, pourtant, c’en est un. Les occupants commencent à se rassembler dans le cadre d’ateliers liés à un programme d’apiculture. Parfois, le miel produit sur le toit est vendu pour soutenir un organisme communautaire. Les retombées de ces programmes sont immenses dans le bâtiment, mais également dans la communauté qui l’entoure.


  • R. J. : VOUS AVEZ MENTIONNÉ QUE LES PROGRAMMES D’APICULTURE ET LES INITIATIVES LIÉES À LA BIODIVERSITÉ PEUVENT VRAIMENT OUVRIR LES B TIMENTS À LA COMMUNAUTÉ. QU’ENTENDEZ-VOUS PAR LÀ?

    A. M. : Nous voyons des propriétaires réfléchir à la manière dont ils peuvent avoir une incidence positive sur la communauté autour de leur bâtiment. Les programmes basés sur la nature permettent généralement de produire quelque chose, comme du miel ou des légumes, qui peut être vendu ou redonné au profit de la communauté. On voit aussi des organismes communautaires ou des écoles participer aux ateliers dans les bâtiments. Ces exemples témoignent avec éloquence des grands objectifs que l’on trouve dans les cadres de certifications ESG et de construction écologique. L’inclusion de la communauté est un aspect très intéressant de ces projets.

    R. J. : CONSTATEZ-VOUS QUE LES CERTIFICATIONS DE CONSTRUCTION ÉCOLOGIQUE TENDENT DE PLUS EN PLUS À S’APPUYER SUR LA BIODIVERSITÉ?

    A. M. : Oui. Les programmes liés à la nature permettent d’obtenir des crédits pour des certifications comme LEED, BREEAM, Green Star ou Green Mark. Nous constatons que de plus en plus de cadres tiennent compte de la biodiversité. Il en existe un au Royaume-Uni intitulé « Biodiversity Net Gain », auquel beaucoup de gens essaient de se préparer. Les prochaines années seront marquées par de nombreux changements, alors qu’un nombre croissant de certifications et de cadres intégreront la biodiversité.


  • R. J. : COMMENT LES PROPRIÉTAIRES DE B TIMENTS ET LEURS LOCATAIRES PEUVENT-ILS ENVISAGER DE MESURER LA BIODIVERSITÉ? COMMENT PEUVENT-ILS RENDRE COMPTE DE L’IMPACT DE CES PROGRAMMES?

    A. M. : On peut étudier les mesures et l’impact sous différents angles. Par exemple, on peut s’intéresser au bien-être et à la productivité des employés et à ce qui se passe au sein de la communauté, à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. La production alimentaire peut être un autre élément important de l’équation. N’oublions pas que ces programmes permettent aussi la création d’habitats pour les pollinisateurs en général. Nous installons des ruches, mais aussi des hôtels pour abeilles sauvages dans les bâtiments afin que les pollinisateurs puissent y nicher. Ce sont tous des exemples de résultats dont nous pouvons commencer à rendre compte.

    R. J. : COMMENT LES ENTREPRISES, LES PROPRIÉTAIRES IMMOBILIERS ET LES INVESTISSEURS PEUVENT-ILS SONGER À SURVEILLER LA BIODIVERSITÉ ET À EN RENDRE COMPTE?

    A. M. : La biosurveillance est un moyen très intéressant d’y parvenir. À l’aide des abeilles dans un bâtiment, nous pouvons avoir une idée du butinage qu’il manque à l’échelle de la ville. De cette façon, nous pouvons donner des recommandations de plantation aux propriétaires de bâtiments, en leur expliquant ce qu’ils peuvent planter précisément pour soutenir la biodiversité locale. La biosurveillance et l’ADN environnemental sont d’importantes nouvelles technologies qui favoriseront ce changement pour les propriétaires de bâtiments.


 

QU’EST-CE QUE LA BIOSURVEILLANCE?

La biosurveillance est une façon d’évaluer l’environnement en analysant les végétaux et animaux qui s’y trouvent. Comme les abeilles volent, butinent et boivent dans un rayon de 5 km autour de leur ruche, elles agissent comme des petites récolteuses de données, en faisant des indicateurs parfaits du niveau de biodiversité dans leur environnement. Nous analysons les abeilles, le pollen et le miel afin d’en apprendre plus sur la zone et la santé de la colonie.

QU’EST-CE QUE L’ADN ENVIRONNEMENTAL?

Il s’agit de l’ADN recueilli à partir d’échantillons environnementaux. Dans notre cas, nous recueillons l’ADN du miel produit par les abeilles.


  • R. J. : VOUS VOUS RETROUVEZ SOUDAINEMENT AVEC TOUS CES B TIMENTS QUI RECUEILLENT DES DONNÉES SUR LA PRODUCTIVITÉ ET LA BIODIVERSITÉ D’UNE RÉGION, ET VOUS INFLUENCEZ INTELLIGEMMENT ET ACTIVEMENT CE QUI SE PASSE DANS CES ESPACES POUR EN AMÉLIORER LA BIODIVERSITÉ. VOUS POUVEZ SUIVRE L’IMPACT DANS LE TEMPS – UNE CAPACITÉ QUI, ON DIRAIT, A UNE PORTÉE IMMENSE.

    A. M. : L’important est d’avoir une compréhension de base de ce qui se passe dans les bâtiments en ce qui a trait aux pollinisateurs et à la biodiversité. Cela permet ensuite de mettre en œuvre des actions qui peuvent être mesurées. Les résultats observés pour la plupart des initiatives peuvent également s’appliquer à la biodiversité.

    R. J. : AVEZ-VOUS UNE DERNIÈRE RÉFLEXION DONT VOUS AIMERIEZ NOUS FAIRE PART AU SUJET DE LA BIODIVERSITÉ ET DE LA NATURE DANS LES VILLES?

    A. M. : Nous devons tous commencer à réfléchir à l’impact réel que nous pouvons avoir sur la biodiversité dans les villes. Nous avons tendance à considérer la nature comme quelque chose qui se trouve à l’extérieur des villes. Mais pensez à l’espace inutilisé sur les toits dont disposent les propriétaires de bâtiments. Si un réel changement s’opère sur ces toits, nous pouvons commencer à obtenir des changements massifs sur le plan de la biodiversité dans les villes.


Vous souhaitez en savoir plus sur les avantages des solutions axées sur la nature pour les bâtiments et les villes dans leur ensemble?

Rebecca Jinks a récemment participé à un groupe de discussion sur les questions ESG et l’engagement des locataires au moyen de solutions axées sur la nature.

Regardez le webinaire ici