En ouvrant leurs ruches ce printemps, plusieurs apiculteurs commerciaux un peu partout au Canada ont découvert que leurs colonies n’avaient pas passé l’hiver. Au Québec, le taux de mortalité des abeilles atteignait 60%, c’est-à-dire trois fois plus que lors des années précédentes. Les autres provinces canadiennes ont également subi des pertes record.

Cette nouvelle a été propagée dans les médias principaux pour une raison bien simple: elle est dévastatrice pour les apiculteurs vivant grâce aux abeilles. Ceci étant dit, ces pertes de colonies d’abeilles devraient également faire office de prise de conscience pour tout un chacun. La santé des abeilles à miel nous affecte tous, et les conséquences vont bien au-delà du fait d’avoir moins de miel à déguster.

  • Que se passe-t-il avec les abeilles?

    Spécialiste apicole de terrain chez Alvéole, Emily McBean nous explique qu’il y a plusieurs facteurs pouvant entrer en jeu dans le taux de perte de colonies d’abeilles en banlieue.

    Qu’est-ce que le parasite varroa fait aux abeilles à miel?

    Le varroa destructor est un parasite externe de la famille des mites qui se nourrit à partir des abeilles à miel en développement et adultes, leur transmettant également des maladies.

    « L’année passée, le printemps et l’été ont été très précoces et particulièrement chauds, ce qui a permis au varroa de se reproduire de façon exponentielle. En tant qu’apiculteurs, nous tentons toujours d’utiliser le même plan de traitement à chaque année. Cependant, la quantité de parasites varroa était déjà élevée en début de saison, ce qui a occasionné une présence trop grande avant que quiconque n’ait pu se rendre au plan de traitement. » Les températures saisonnières, prévisibles depuis plusieurs années, ne l’étaient plus du tout.

  • Le parasite varroa, source d’angoisse chez les apiculteurs

    Les apiculteurs urbains et commerciaux sont tous deux aux prises avec une présence accrue de parasites varroa, mais avec des conséquences distinctes. Il est essentiel pour les apiculteurs urbains comme nous, chez Alvéole, de maintenir les quantités de mites très basses afin d’empêcher qu’elles ne répandent le varroa aux ruches avoisinantes, incluant celles d’autres apiculteurs urbains. Par contre, pour un apiculteur commercial ayant jusqu’à 100 ruches au même endroit, perdre la majeure partie de leurs ruches du même coup a un effet dévastateur. Leur carrière repose sur la production de miel et leur service de pollinisation via la location de leurs ruches aux fermes.

  • Comment les pertes de colonies d’abeilles nous affectent-elles tous?

    Certains diront que le plus important travail de l’abeille n’est pas tant de produire du miel, mais bien de polliniser les champs. « Au printemps, les apiculteurs transportent leurs ruches jusqu’aux champs ayant besoin d’être pollinisés et sont ensuite payés par les fermiers pour les services de pollinisation rendus. Pour la saison actuelle, moins de ruches sont disponibles pour effectuer ce service vu le taux de mortalité des abeilles, ce qui veut aussi dire que certains champs ne seront probablement pas pollinisés », nous explique Emily.

    Les fermiers et apiculteurs commerciaux pourront voir les conséquences immédiates d’une population d’abeilles réduite, mais dans les mois qui viennent, les citadins les observeront également sur les tablettes de leur épicerie de proximité et aux marchés fermiers. Au vu de cette situation, des entreprises comme Sobeys ont introduit des initiatives locales afin de sensibiliser les communautés à l’importance des abeilles.

    « Ce degré de mortalité des abeilles à miel fait très peur – c’est là un rappel parmi plusieurs que les systèmes desquels nous dépendons tous pour nous nourrir, comme les pesticides, les monocultures et la pollinisation gérée, ne sont en aucun cas des certitudes avec les changements climatiques qui chamboulent notre monde. »

  • L’apiculture sociale pour connecter les gens à la nature

    Chez Alvéole, nous ne visons pas la production du miel ou la pollinisation (malgré qu’ils soient de merveilleux bénéfices collatéraux!). Nous nous percevons comme des apiculteurs sociaux. Nous utilisons les ruches urbaines comme un vecteur pour éduquer les citadins sur l’environnement et les systèmes alimentaires durables.

    « Nous installons des ruches d’abeilles à miel sur les toits pour que les gens tombent amoureux des abeilles, et que ce lien devienne ensuite un catalyseur pour des conversations plus larges à propos de ce qui se passe tout autour de nous – de l’impact qu’ont nos actions, non seulement sur les abeilles, mais aussi sur les pollinisateurs et la nature en général. »

    Emily peut très certainement vous raconter à quel point interagir avec les abeilles a un effet puissant. Elle s’est elle-même amourachée de ces petites créatures lorsqu’elle s’est jointe à Alvéole en tant qu’apicultrice, il y a maintenant 4 ans. « La première fois que j’ai vu les abeilles de près, je me suis dit ‘eh voilà, c’est exactement ce que je veux faire pour le reste de mes jours’. »

Protéger ce que l’on aime

« Il est facile pour nous de simplement ignorer une situation parce qu’elle est loin de nous, encore plus lorsque l’information fait peur. Par contre, lorsque les gens interagissent avec la ruche sur le toit de leur immeuble, un lien véritable se développe avec les abeilles. Lorsqu’ils lisent ensuite un article à propos de ces créatures et à quel point les apiculteurs ont eu une année éprouvante, ces personnes ont déjà une connexion avec la problématique et ont donc plus de difficulté à l’ignorer. »

Alors, la prochaine fois que vous croquez dans un fruit bien juteux (ou littéralement dans n’importe quel aliment se trouvant dans votre assiette), pensez à l’apiculteur, à ses centaines de milliers d’abeilles qui ont aidé ce que vous mangez à pousser, et au rôle que nous avons tous pour leur garantir un futur.

Vous aimeriez en savoir plus à propos de comment les abeilles s’y prennent pour gagner les cœurs des citadins,
tout en les sensibilisant à l’environnement en milieu urbain?

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QuadReal Property Group ont eu sur leur communauté.

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